Une fillette est morte. Estela, la domestique qui s'est occupée pendant sept ans de la jeune victime, retrace les étapes qui ont mené au drame. Elle fait le récit de son quotidien au sein de la famille, montrant comment une vie apparemment simple se transforme en un cauchemar répétitif et violent, jusqu'au dénouement inévitable. Prix Femina étranger 2024.
Le suspense est palpable, bien que l'on sache dès le début que la fillette est morte. Au-delà du thriller psychologique, c'est un roman social qui dit beaucoup. Il dit les conditions de vie des gens modestes, et surtout des femmes, qui n'ont d'autres choix que de quitter leur campagne pour être domestique ou bonne, en ville. Il dit le travail éreintant. Il dit le silence, l'inexistence de ces vies fantômes, réduites au labeur et à la fonction de rendre «propre». La lecture est simple et fluide. Il y a aussi beaucoup de tendresse entre les pages, notamment lorsqu'Estela évoque le souvenir de sa mère restée dans le Sud et son enfance simple mais heureuse. Un roman haletant et bouleversant, à l'ambiance particulière.
Propre, Alia Trabucco Zeran, traduit de l'espagnol (Chili) par Anne Plantagenet, R. Laffont, 2024, 270 pages.
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