Dans un monde plein à craquer, du sol au plafond, rempli d’objets, maisons, immeubles, avions, satellites, on oublie jusqu’à l’existence des étoiles. Un chercheur acharné, à force de « fermentations, de complexes auxochromes, de groupement chromophores », j’en passe et des meilleures, fait alors une découverte incroyable : il trouve du rien.
Du rien ! Du vide, du néant. Du rien, tout simplement. Et le rien, c’est si vaste, si calme, si reposant… que tout le monde veut profiter de la nouvelle invention. Enfin bien sûr, au début, seuls les enfants acceptent de l’investir, découvrant des idées inédites pour jouer et rêver. Mais bientôt tout un chacun(e) veut s’en emparer pour se poser tranquillement dans le rien. Notre ami scientifique est débordé : il livre du rien de tous les côtés ! Mais il trouve, lors d’une énième livraison de rien, une raison de laisser de côté la foule qui réclame ses services. Il faudra donc inventer d’autres manières de faire la place au rien…
Un très bel album de Marie Dorléans, autour des espaces libres que chacun(e) ménage autour de soi, dans la sphère privée ou publique, respirations essentielles qui permettent la création, le murmure de l’herbe ou de la mer, les cerises grignotées et les beaux voiliers. « Et alors on entendit couler les rivières, chanter les oiseaux, et rire les enfants dans les cerisiers en fleur. »
Une histoire de rien du tout, Marie Dorléans, Seuil jeunesse, 48 p.