Les hasards des sorties cinéma font que deux grands cinéastes français ont proposé dans les même moments l’an dernier deux films à l’ambiance similaire : un village français en campagne en automne, avec une histoire criminelle et des personnages amoraux mais bien attachants. Si on va dans les deux cas à la cueillette aux champignons, le talent de nos deux réalisateurs permet de nous offrir des films différents à l’univers marqué.
D’un côté donc François Ozon qui est revenu avec « Quand vient l’automne ». On y retrouve Michelle et sa meilleure amie Marie-Claude, incarnées respectivement par les merveilleuses Hélène Vincent et Josiane Balasko. Elles jouent ici deux paisibles retraitées retirées en Bourgogne, au passé trouble certes, et qui ont chacune des relations un peu compliquées avec leur unique enfant. L’arrivée de la fille de Michelle pour les vacances de la Toussaint va précipiter les événements. François Ozon brouille ici savamment les genres, en jouant sur les ambigüités et les ellipses, et nous offre un thriller psychologique et campagnard savoureux.
De l’autre côté Alain Guiraudie qui surprend toujours avec « Miséricorde ». On y suit les pas de Jérémie, joué par Félix Kysyl, une révélation. Il est revenu à Saint-Martial, un village de l’Aveyron, pour l’enterrement de son ancien patron boulanger. Il s'installe quelques jours chez Martine, sa veuve (incarnée par Catherine Frot à contre-emploi). Mais entre une disparition mystérieuse, un voisin menaçant et un abbé aux intentions étranges, son court séjour au village prend une tournure inattendue. Dans ce polar campagnard qui vire aussi sur le chemin de la comédie et du conte, Alain Guiraudie affiche toujours ses manières crues, mais sait faire preuve aussi d’une subtile élégance.
Quand vient l'automne / François Ozon, réal.- Diaphana, 2025 (1 h 40 min)
Miséricorde / Alain Guiraudie, réal.- Blaq Out, 2025 (1 h 40 min)